En 1980, à l'âge de huit ans, j'ai immigré dans ce pays avec ma mère, mon frère et mes deux sœurs en tant que réfugiés de guerre du Salvador. Ma mère travaillait comme couturière dans le centre-ville de Los Angeles, le seul métier qui l'employait en raison du manque d'éducation et d'un mauvais anglais. Elle a travaillé deux et parfois trois emplois juste pour essayer de joindre les deux bouts, quittant la maison à 6h00 du matin et ne revenant qu'à 20 ou 21h00.

Dès qu'elle le pouvait, elle en profitait pour ramener du travail à la maison afin que nous ne soyons pas seuls toute la journée. C'est à ce moment-là que j'ai appris à coudre. À l’âge de 11 ans, j’ai commencé à l’aider de toutes les manières possibles pour qu’elle puisse se coucher un peu plus tôt que son heure habituelle, soit 1 heure du matin. De 16 à 25 ans, j'ai exercé de nombreux types d'emplois différents : de fabricant de sandwichs chez Subway, à conducteur d'une navette de passagers à l'aéroport de LAX, en passant par le traitement des billets pour Aeromexico. 

Mes 20 ans ont été une période de découverte, de lutte pour accepter ma sexualité et de réalisation que je devais créer mes propres opportunités parce que l'université était hors de question. A 25 ans, j'ai redécouvert la couture, cette fois c'était différent car c'était une façon de m'exprimer. C'est à ce moment-là que j'ai découvert que les vêtements étaient transformateurs. J’ai commencé à confectionner des débardeurs pour sortir en boîte avec des amis et c’est là que j’ai réalisé que les gens voulaient acheter ce que je faisais. C’est alors que j’ai compris que la couture serait notre salut depuis toujours, c’était un cadeau. 

J'ai lancé une entreprise de lingerie dans le garage de ma mère appelée Hot Sauce et en quelques années, nous avons employé 24 personnes. J'ai adoré ce que je faisais, j'ai adoré le côté créatif et le fait que je faisais une différence dans la vie des autres en les employant. J’ai vite réalisé que ce n’était qu’un tremplin supplémentaire vers l’endroit où je voulais aller. 

Même si j’ai eu plus de succès que je ne l’aurais jamais espéré, j’étais malheureux. Ce n'était pas le produit que je voulais fabriquer. Dans mes rêves, je voulais être assise dans un restaurant chic et voir cette femme incroyable entrer dans une de mes robes. Je voulais créer quelque chose que les gens respectaient et qui deviendrait mon nouvel objectif. 

En 2011, j'ai eu l'opportunité de poursuivre mes rêves en m'associant à un partenaire commercial. C’est alors qu’est né Dress The Population. J'ai donné tout ce que j'avais; c'était mon enfant. Pendant les deux premières années, nous avons eu du mal à convaincre les gens de nous donner une chance. C’est à ce moment-là qu’un détaillant clé est arrivé et qu’il a vu une énorme opportunité avec mon produit. Ils y ont cru, au moment où j'allais abandonner, ils m'ont donné une chance. En 3 ans, nous étions distribués dans presque tous les grands détaillants américains, y compris Neiman Marcus. En 5 ans, nous avons déménagé nos bureaux, j'avais mon propre bâtiment de conception et l'équipe employait 190 salariés. Je vivais mon rêve. 

Et OUI, le jour est venu où j'étais assis chez Bottega Louie à DTLA et j'ai vu une femme magnifique entrer portant une de mes robes, j'ai pleuré cette nuit-là ! 

2020 a été l’année la plus difficile de ma vie, tout comme celle de millions d’autres personnes. J'ai été obligé de m'éloigner de ce que j'avais créé et pour lequel j'avais donné ma vie. Dress The Population aura toujours une place spéciale dans mon cœur. 

Après un an à me sentir perdu et à ne pas savoir quoi faire. Mon mari, ma mère, mon frère et mes sœurs ainsi que nos amis proches m'ont donné la force de tout recommencer.  

Helsi n'est pas seulement une ligne de vêtements, Helsi est un engagement envers toutes les femmes, à être indépendantes, confiantes et ambitieuses. Être actif, vital et aventureux, toujours à la recherche de nouvelles expériences et de nouveaux défis pour prendre des risques. Surtout, ne jamais abandonner.

Chaque robe que je confectionne est un poème pour les femmes comme ma mère.